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Extrait:L'Italie s'est réveillée vendredi plongée dans une nouvelle crise politique, Matteo Salvini ayant proclamé la fin de la coalition formée avec le Mouvement 5 Etoiles et réclamé des élections
par Giuseppe Fonte et Gavin Jones
ROME (Reuters) - L'Italie s'est réveillée vendredi plongée dans une nouvelle crise politique, Matteo Salvini ayant proclamé la fin de la coalition formée avec le Mouvement 5 Etoiles et réclamé des élections législatives anticipées.
L'annonce du ministre de l'Intérieur et chef de file de la Ligue d'extrême droite, en pleine torpeur estivale, a déstabilisé les marchés vendredi à l'ouverture: devant l'incertitude qui plane sur la troisième puissance économique de la zone euro, l'écart entre les taux des obligations italiennes et allemandes à dix ans s'est rapidement creusé au-delà des 230 points de base, au plus haut depuis plus d'un mois.
La Bourse de Milan a pour sa part ouvert en baisse de 1,61% alors que les autres places européennes reculaient nettement moins (Paris perd 0,3% à l'ouverture et Londres 0,2%). Les valeurs bancaires italiennes sont particulièrement malmenées.
Quatorze mois après sa difficile mise en place, la coalition au pouvoir à Rome ne fonctionne plus, a argumenté Salvini.
“Nous devrions rapidement redonner le choix aux électeurs”, a-t-il plaidé dans un communiqué diffusé jeudi soir, précisant que le parlement, qui observe actuellement une trêve estivale, pourrait être convoqué dès la semaine prochaine afin d'entamer la procédure nécessaire.
Jusqu'à ces dernières semaines, le co-vice-président du Conseil martelait que l'alliance formée avec le M5S de Luigi Di Maio, malgré les querelles et tensions récurrentes, irait au terme de la législature.
La divergence des deux partenaires sur le chantier de la ligne ferroviaire à grande vitesse entre Lyon et Turin étalée au grand jour lors d'un vote mercredi au Sénat semble avoir fait voler en éclats les apparences.
“L'Italie ne peut plus tolérer les 'non', nous avons besoin de 'oui', nous devons débloquer les choses, construire, travailler. Ça suffit, nous devons aller à des élections”, a dit Salvini à la presse à l'issue d'un rassemblement à Pescara, sur la côte Adriatique.
Aux yeux du chef de la Ligue, le M5S, hostile au projet de LGV, est un frein à l'activité économique et à l'emploi. Et le tandem inédit formé après les élections de mars 2018 ne fonctionne plus.
Mais l'initiative de nouvelles élections appartient au président de la République, Sergio Mattarella, et passe par un vote de défiance des parlementaires et une démission du chef du gouvernement.
“Il n'appartient pas au ministre de l'Intérieur de décider du calendrier d'une crise politique”, a répliqué dans la soirée le président du Conseil, Giuseppe Conte, qui n'appartient ni à la Ligue, ni au M5S.
Il a ajouté que le dirigeant d'extrême droite allait devoir s'expliquer sur ses motivations. Quant à lui, a poursuivi Conte, il n'acceptera plus les critiques de Salvini contre les autres membres de son gouvernement.
DONNE ÉLECTORALE INVERSÉE
La Ligue, fortement implantée dans le nord de l'Italie, et le Mouvement 5 Etoiles, dont la base électorale se trouve dans le Sud, ont formé un gouvernement de coalition après les élections générales de mars 2018 qui ont été marquées par la percée de ces deux partis.
Le M5S était alors arrivé en tête avec près de 33% des suffrages. La Ligue, qui se présentait en coalition avec plusieurs autres formations de droite, dont Forza Italia, avait réuni sur son seul nom 17% des voix (37% au total pour l'alliance de droite).
Mais la donne électorale a été totalement renversée depuis ce scrutin. Et aux récentes élections européennes, le 26 mai, la Ligue a triomphé, réunissant plus de 34% des voix tandis que les “pentastellati” essuyaient un revers cinglant avec à peine plus de 17%.
Pour autant, Salvini court un risque en dévoilant ainsi ses ambitions en plein mois d'août alors que les Italiens sont en vacances et que le parlement n'est pas en session.
Luigi Di Maio a réagi à cette déclaration de guerre en affirmant que le Mouvement 5 Etoiles n'avait pas peur de se confronter à nouveau au jugement des électeurs.
“Nous sommes prêts, nous n'avons jamais accordé la moindre importance au fait d'occuper des postes gouvernementaux”, a-t-il dit dans un communiqué, accusant son partenaire et rival de chercher “à tromper le pays” et affirmant que tôt ou tard les Italiens finiront par se retourner contre lui.
Le président italien Sergio Mattarella est seul habilité à prononcer la dissolution du parlement et pourrait se montrer réticent alors que doivent débuter en septembre les travaux préparatoires au budget 2020 qui devra être présenté au parlement en octobre. Il pourrait opter pour un cabinet de technocrates.
L'Italie n'a jamais organisé d'élection en automne depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.
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