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Extrait:Une baisse de taux directeurs par la Réserve fédérale (Fed) mercredi, la première depuis le paroxysme de la crise financière il y a plus de dix ans, est une cause entendue mais que se passera-t-il ap
par Ann Saphir
SAN FRANCISCO (Reuters) - Une baisse de taux directeurs par la Réserve fédérale (Fed) mercredi, la première depuis le paroxysme de la crise financière il y a plus de dix ans, est une cause entendue mais que se passera-t-il après, les responsables monétaires américains ayant évoqué bien des options ?
La baisse largement attendue des taux directeurs mercredi à l'issue d'une réunion du comité de politique monétaire (Federal open market committee, FOMC) qui débutera mardi va-t-elle inaugurer une série de baisses de taux d'un quart de point qui se prolongera bien avant dans l'année 2020, comme les intervenants de marché le pensent, ou s'agira-t-il d'un mouvement plus limité ?
La réponse est d'autant moins évidente qu'il n'y a pas de consensus entre les responsables de la Fed sur la raison pour laquelle ils doivent baisser les taux en premier lieu alors que le taux de chômage est à des plus bas de près de 50 ans et que les performances de l'économie américaine sont bien meilleures que celles des autres pays développés.
Faut-il baisser les taux pour prévenir les risques liés au ralentissement de la croissance mondiale et aux tensions commerciales ? L'objectif est-il de stimuler une inflation trop faible ? D'améliorer encore un marché du travail déjà très robuste ? De remettre d'aplomb la courbe des taux ? Au cours des dernières semaines, les responsables de la Fed ont évoqué toutes ces raisons et d'autres encore.
Le président de la Fed de New York, John Williams, a même brièvement convaincu les intervenants de marché que la Fed pourrait baisser les taux de 50 points de base cette semaine, jusqu'à ce que la Fed de New York précise dans un communiqué que ses propos sur la nécessité de “vacciner” l'économie contre une “grave maladie” étaient de nature académique et n'avaient pas pour vocation d'envoyer un signal sur les décisions de politique monétaire à brève échéance.
Pour compliquer les choses, la Fed souhaite aussi qu'un éventuel assouplissement monétaire ne soit pas perçu comme une reddition après des mois de pressions du président Donald Trump pour qu'elle fasse précisément cela.
Le communiqué de la Réserve fédérale qui sera publié mercredi à 18h00 GMT à l'issue de la réunion de deux jours du FOMC puis la conférence de presse du président de la Fed, Jerome Powell, devraient apporter des clarifications.
SITUATION CONTRASTÉE
Économistes comme traders jugent acquise une baisse de taux d'un quart de point (25 pdb) mercredi après neuf relèvements de même ampleur décidés par la Fed de la fin 2015 à la fin 2018.
Le vrai débat lors de la réunion des 30 et 31 juillet portera sur ce qui vient après et sur la manière de le communiquer aux marchés, estime Roberto Perli, économiste de Cornerstone Macro.
“Je parie que le communiqué laissera la porte ouverte à au moins une autre baisse de 25 pdb plus tard”, a-t-il ajouté.
Mais quant à savoir ce qui pourrait motiver cet assouplissement supplémentaire, il reconnaît : “Je ne pense pas qu'ils en aient une idée claire.”
L'objectif des fonds fédéraux est actuellement fixé dans une fourchette de 2,25% à 2,50%. Son niveau implicite tel qu'il ressort des marchés à terme est 100 points de base plus bas à l'échéance de la fin de l'année prochaine. Mais la situation de l'économie américaine est actuellement bien différente de celle qui prévalait lors des précédentes phases d'assouplissement menées par la Fed.
Depuis la précédente réunion de politique monétaire de la Fed, à la mi-juin, les données conjoncturelles sur les ventes au détail ou les créations d'emplois ont été supérieures aux attentes, soulignant la robustesse de la croissance. Les commandes de biens durables, un bon indicateur des dépenses d'investissement des entreprises, ont aussi bondi en juin.
Dans le même temps, les ventes de logements ont plongé, le secteur manufacturier donne des signes de faiblesse depuis des mois et les exportations reculent.
La croissance de l'économie américaine au deuxième trimestre est ressortie à 2,1% en rythme annualisé, au-dessus des attentes, selon les données publiées vendredi, qui ont toutefois souligné la faiblesse de l'investissement des entreprises et des pressions inflationnistes, deux sujets de préoccupation de Powell.
Ce paysage contrasté devrait susciter un vif débat au cours du FOMC sur l'opportunité même d'une baisse des taux et de signaler des réductions ultérieures.
“Je pense qu'il est exagéré de penser que cela est ou devrait être le début d'un cycle d'assouplissement, ce n'est tout simplement pas justifié”, a dit Ward McCarthy, économiste en chef de Jefferies.
Certains responsables de la Fed, comme la présidente de la Fed de Kansas City, Esther George, ou son homologue de la Fed de Boston, Eric Rosengren, pourraient même aller jusqu'à acter leurs réserves sur de nouveaux assouplissements en formalisant leur désaccord.
“PLUS DE MARGES”
Mais la Fed a d'autres sujets de préoccupations que l'économie américaine.
La multiplication des signes d'affaiblissement des économies européennes et chinoise et le renforcement de la perspective d'un Brexit désordonné avec l'arrivée au pouvoir de Boris Johnson en Grande-Bretagne ont renforcé la probabilité d'un assouplissement des politiques monétaires des grands partenaires des Etats-Unis.
La Banque centrale européenne a ainsi ouvert la voie la semaine dernière à un nouveau train de mesures d'assouplissement massif en septembre.
Ces assouplissements à venir seraient, pour certains, autant de motifs de baisses de taux aux Etats-Unis.
C'est d'ailleurs l'un des principaux arguments mis en avant par Donald Trump pour exiger plus de souplesse de la Fed en accusant les banques centrales étrangères d'utiliser la politique monétaire pour déprécier leur monnaie au détriment des exportateurs américains.
Pour interpréter les décisions ultérieures de la Fed, les marchés ne disposeront pas cette fois des fameux “dot plots”, qui représentent de manière anonyme les prévisions des responsables de la Fed sur les niveaux à venir des fed funds.
Comme ces prévisions ont pu dans le passé se trouver en porte-à-faux avec les messages de politique monétaire que souhaitait envoyer la Fed, leur absence devrait faciliter la tâche de Powell.
“Ne pas avoir de projections ce mois-ci leur donne (aux responsables de la Fed, NDLR) bien plus de marge pour envoyer un message du type 'nous répondrons de manière appropriée'”, a dit Richard Moody, économiste de Regions Financial Corp.
La Fed pourrait aussi interrompre de manière anticipée la réduction de la taille de son bilan de 3.800 milliards de dollars, accumulés à l'occasion de ses achats massifs d'actifs après la grande crise financière de 2007-2009.
Cette réduction progressive, perçue comme un facteur de resserrement de la politique monétaire à la marge, est prévue en septembre.
En y mettant fin un peu plus tôt que prévu, la Fed pourrait faire taire les critiques reprochant à la gestion de son bilan d'aller à l'encontre de sa politique de taux. Et si la Fed devait décevoir les marchés en signalant que rien n'est moins sûr que des baisses de taux ultérieures, un changement dans la gestion du bilan pourrait être “un lot de consolation”, estime Richard Moody.
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